• Etre calife

    Etre calife

    (Jean et Nicolas Tabary, dessin
    René Goscinny et Jean Tabary, scenario)

    Je viens de me rendre compte que mon intérêt pour le cas du coucou était sans doute issu en droite ligne de l'ambiance émotionnelle et imaginaire du moment. Pourtant, je ne souhaitais pas faire droit dans ce blog à l'insistance sur "notre" pandémie. Eh bien, se soustraire à une ambiance si prégnante et si diffuse à la fois, n'est sans doute pas en notre pouvoir. Et pour cause...

    Le coucou, comme le virus, est un PARASITE ! Ils se nourrissent tous deux d'une autre espèce pour se reproduire. La colonisent, l'envahissent, au risque finalement de l'éliminer. Dans les deux cas, la tentative de 'meurtre' est d'inspiration 'suicidaire' puisqu'ils ont un besoin vital de cette espèce. Paradoxe ? Le même contre l'autre. Lutte infinie. Y mettre un terme est un rêve. Un voeu pieux. Héraclite avait sans doute raison. Virus, coucous, gui et autres parasites sont la manifestation asymptotique d'un type de rapport à l'autre. Et l'animal humain, comment manifeste-t-il cette tendance du vivant à l'accaparement à son profit de la vie de l'autre ?

    On peut se faire passer pour quelqu'un d'autre, qui vit toujours, capter l'attention, les biens qui lui étaient destinés, qui lui appartenaient. On peut tout simplement et de façon plus bénigne mais non moins nocive, envier la situation, les biens, la réputation d'un ou d'une autre. L'envie, une des passions tristes, me paraît être une forme concluante de cette pulsion d'accaparement.

    Je me souviens de la sorte de surprise et d'effroi qu'un compte-rendu que j'avais rédigé et qui était excessivement fidèle à l'enseignement de ma professeure, avait suscité dans son regard et ses paroles. Et dans ce cas, en plus, il y a le ridicule de vouloir "se faire calife à la place du calife" comme le souhaitait Iznogoud (quelle belle invention, ce nom !) . Etre une sorte de version riquiqui de l'original. Le subplot à la Shakespeare sans la drôlerie. La version vassalisée des rapports des maîtres. L'imitation terne du brio de l'original. Le vol considéré comme une grave déviation quant il touche l'autreté de l'autre, ce qui le rend lui-même.

    Et peut-être que la littérature serait la sublimation de cette envie, qui est aussi une forme de curiosité extrême, envie de connaître mais sans usurper,  en créant du différent sans se laisser aller à la fièvre du même. Car c'est l'animal humain que l'on débusque à travers la création d'individus, de personnages, en littérature. Reste à placer le roman à clefs dans cette affaire...


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :