• Solidarité des corps

    Solidarité des corps

    Vélo d'appartement d'antan

    Je trouve le moyen de participer au cours de gym chez ma kiné encore ces temps-ci. Par quel bizarre processus mental j’ai suffisamment envie de me lever tôt pour courir gigoter sur un tapis qui risque de convoyer des germes avec des dames du coin qui – bien que prudentes, on ne peut en douter – n’en demeurent pas moins de potentielles vectrices ? Nous ahanons de concert dans nos masques humides…

    Mais voilà, c’est sans compter cette bizarre solidarité des corps potentiellement agiles ou moins agiles, souffrants ou exceptionnellement en forme selon les gens et les jours, qui donnent autant d’occasions d’échanges qu’ils donnent de soucis à leurs propriétaires. Sans compter aussi l’animatrice de tout ce cérémonial, gente personne d’une cinquantaine pimpante, claffie de qualités et de bonnes idées. La devinette du mois, par exemple, pour solliciter nos cerveaux dont les neurones n’ont qu’une envie c’est de se barrer au lieu de se muscler. Certes, ce n’est pas précisément l’objet d’un cours de gym mais c’est pourtant bien un exemple de la solidarité humaine par corps interposé, cette petite rivalité goguenarde qui s’installe quand, le séant sur la selle du vélo, on cherche en pédalant plus vite dix expressions contenant le mot « loup » !

    J’ai bien conscience que ce qui précède pourrait donner lieu à une interprétation au second degré. Mais non. Alors que je suis allée à ce cours plus par nécessité, donc à reculons, que par envie, je dois reconnaître que j’y reste par… plaisir. Il s’y joue un accord impalpable, qui émane d’une gentillesse de circonstance mais non feinte. On y discute avec vivacité autant de l’aspirateur qui ne donne pas mal au dos que de la nécessité du vaccin ou de l’impact de la neige sur la santé des os. Eh bien, en ce moment tout cela est soit utile soit réconfortant, soit les deux.

    Bien entendu, il arrive, les « mauvais jours », que je trouve les discussions lénifiantes, que j’en ressorte avec une indignation  hautaine d’intellectuelle mal entourée et alors je m’en veux. Je fais pourtant bien partie de ces dames, oh sans chapeau vert, mais avec une furieuse envie de partager des questions, des conseils, des considérations plus ou moins oiseuses mais souvent drôles, et surtout l’exercice du corps qui donne plus de confiance et plus d’énergie, qui redresse et pose. La semaine s’en ressent. Elle en sort dopée.


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