• La voix de l'autre

    La voix de l'autre

    Notre immeuble, construit dans les années 50, est sonore d’un étage à l’autre, surtout quand on s’est isolé du bruit extérieur par des doubles vitrages.
    J’entends donc très bien ma voisine un peu sourde téléphoner. Elle téléphone, de plus, souvent au moment où je souhaite prendre du repos. Parfois je distingue jusqu’à ses mots. 

    Adepte de l’attention méditative, je tente alors un exercice tout simple de détente focalisée successivement  sur les différentes parties de mon corps ; mais « décrocher » de ce fonds sonore de voix humaine s’avère un effort intense. Mon cerveau est tendu dans un effort supérieur de compréhension et d’interprétation du discours de cette dame, qui rend inopérante ma tentative durant un long moment. J’y parviens finalement, au prix d’un travail que mon psychisme juge herculéen.

    Se combinent là la tendance du cerveau-psychisme à se focaliser sur les activités de connaissance du néocortex, une pulsion de curiosité (je connais – superficiellement - cette voisine âgée, sans doute cela attise-t-il mon désir d’en savoir plus), et un élément assez obscur d’adhérence à l’univers proprement humain, de sociabilité innée.
    Et aussi d’autres choses, plus intimes… Ainsi, je sais que cette femme a perdu son mari, qu’elle est donc solitaire. Une part de moi redoute un accident car je la sais aventureuse, et tend l’oreille dans l’objectif d’être plus prompte et donc efficace dans l’aide éventuelle à lui apporter… ou bien il s'agit de curiosité morbide... : jusqu'à quand va-t-elle "tenir" avant de "tomber", vu son âge ? Hypothèse moins reluisante mais tout aussi possible.

    Quelle « chose » intéressante que ce cerveau-psychisme, qui toutefois nous a amenés tout doucement vers la sixième extinction !


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