• Une journaliste correspondante du New Yorker à Paris, alors que des partisans du président Trump ont pris d'assaut le Congrès, certains avec des bannières confédérées, déclare : "Notre pays est en train de récolter les fruits de son histoire". Elle évoque en effet d'autres occurrences d'actions de ce type par les suprématistes blancs lors d'élections municipales. Pas récemment toutefois. Il s'agit d'histoire au long cours. Mais récemment, il y a les assassinats de personnes noires.
    Souhaitons que Kamala Harris et Joe Biden fassent avancer le pays à rebrousse-poil de cette histoire et de cette pente-là.

    L'actualité me tétanise un peu et je me demande si on saura dans quelques temps ce qui restera dans l'histoire de tout cela. Quel est le poids de ces événements ? Quel impact sur la suite ? On a un peu l'impression d'un remue-ménage constant, d'une écume mousseuse prête à s'envoler dans la trame des ans, comme la mousse d'une bière que l'on balaie avec un bout de bois plat. Pfffffuit !

    Un spécialiste présent dans l'émission disait, lui, qu'une fois le personnage Trump passé dans la périphérie de l'actualité "il n'y paraîtrait plus", pour ainsi dire, il disparaîtrait et que même les plus farouches opposants ne penseraient pas à lui intenter un procès pour provocation à insurrection. Est-ce du pragmatisme à l'américaine (il ne sera plus président, donc en théorie sans pouvoir) ou bien du réalisme compte tenu de l'existence médiatique qui se substitue souvent à l'existence tout court ? 


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  • La Ville, comme on se la figure ?

    Journalisme situé

     

    Ce matin un journaliste énonçait à la radio sa façon de faire ses « articles ». C’est un journaliste né à la campagne. Pour lui, au départ, la ville c’est davantage un bloc indifférencié que des zones ou des quartiers. Il pense important d’énoncer sa situation (naissance, parcours, affinités…) aux personnes qu’il interroge et aux personnes qui verront ou liront ou entendront le reportage. Par exemple, les gens de la banlieue de Dunkerque doivent savoir que c’est un gars de la campagne qui fait des choix en lien avec son histoire et qui voit la « banlieue » de façon prismée et globale comme « la ville ». C’est aussi quelqu’un qui n’a jamais habité en HLM et qui interroge des personnes qui eux sont des locataires de HLM. Quelqu’un qui va retirer – un peu – d’argent de cette activité d’enregistrement et de montage de témoignages dont les sujets, eux, ne retireront pas d’argent.

    Enoncer ses déterminations, les montrer, c’est aussi, pour lui, sans doute, en prendre conscience, au sens de les incorporer, les transformer en éléments d’action.
    On appelle ça énoncer les biais. Le terme est repris des méthodes des anthropologues qui « font un terrain ».
    C’est enfin, un journaliste de radio qui va finir par faire un livre et qui éprouve la frustration de ne pouvoir rendre les accents, les rythmes, le son, tout ce qui fait l’irréductible identité de la parole d’un individu et qui dit, autant que faire se peut, ce qu’il est. Irrémédiable déficience de l’écrit face à la parole.
    Le livre vient aussi, et en même temps, réparer la frustration pour le reporter de ne pas avoir servi, par les infos recueillies, la réalisation du projet de rénovation du quartier, finalement annulé (ou simplement reporté ?). Ce pour quoi il était rémunéré, son boulot, quoi. Compenser une inutilité concrète par un objet imparfait mais réel et honnête, qui illustre et promeut un type de journalisme assez nouveau en France.

     


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