• Inter-êtres

    Cop. Studios Ghibli - Hayao Miyazaki.

     

    Totoro, peluchanimal ?

    Il rote pour s’exprimer, ânone des sortes de syllabes. Les enfants se sentent bien auprès de lui car il est doux. On peut s’accrocher à ses poils de grosse peluche. Il a les griffes d’un ours pourtant. Il n’est pas beau, pas tout à fait "kawaï", mais déroutant, Totoro.


    Il est gros et… il vole quant il éructe fort comme une forge. Une toupie vient lui soulever les pattes arrière et il se prend pour un hélico. Il habite au fin fond de ses couloirs, dans les pieds d’un camphrier.
    Sa vie ? Dormir puis rendre service quand un enfant le lui demande.
    Il a un ami, un chat du type de celui d’Alice avec un corps, troué de fenêtres extensibles et qui joue les transports express.


    Il adopte un parapluie, cadeau utile donné un jour de pluie par son amie humaine (trop grand et trop gros Totoro ne rentre pas sous l’abribus), devenu porte-bonheur, signe d’amitié, porté comme si de rien. Supercalifragilisticsexpialidocious !

    Êtres nocturnes, ces animaux-monstres produisent des effets dans le monde des adultes sans en être visibles. Des inter-êtres, hybrides de rêve, que Miyazaki propose pour hanter nos vies.


    Comme modèles ?

     

    John Tenniel 1865

    John Tenniel - Le chat du Cheshire pour Alice in Wonderland - 1865.


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  • Nid

     

    Se tient un conciliabule de pigeons le matin tôt dans ma rue. Ils s’alignent sur le rebord saillant qui décore la façade de l’immeuble d’en face pour commencer leur journée. Certains partent en reconnaissance en amont et en aval de la rue, d’autres font des boucles au-dessus de la chaussée, simplement. On dirait une réunion de concertation pour décider de l’ordre du jour. Ils ne tiennent pas en place mais pourtant se mettent en rang, à l’attaque des affaires courantes. Le seul moment où ils se regroupent. Qu’ont-ils à décider ?
    Un corbeau – ou une corneille – tient le haut du pavé en se dandinant sur le toit d’une voiture, puis d’une autre. Il observe le mouvement ténu du voisinage qui s’éveille. Il sautille ensuite sur l’asphalte, solitaire, puis prend son envol, sans doute pour examen d’une autre voie.
    Des mésanges charbonnières pépient alors que je passe sous les arbres qui bordent la rue. Elles y habitent dans un joli nid tout rond. Elles sont quatre et s’égosillent de concert.

    Tout ce beau monde complètement inaperçu de la plupart des humains riverains. Reconfinons-nous, nous reviendrons peut-être dans une conscience plus ample ?


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  • Cygnes et corbeau.

     

    Ce matin, les rives du Rhône étaient quasiment désertes.
    Trois cygnes groupés le long du mur gris qui délimite le cours d’eau sur le bord gauche décident d’un coup de se livrer à un ballet à trois corps et trois cous. Ils s’éloignent ensemble, dans le sens du courant, puis reviennent bouclant rapidement cette timide incursion. Mais non. Deux se détachent et remontent sans effort apparent en amont, rejoindre un autre groupe tandis que le troisième, allé en aval, ondule de tout son corps et pédale pour remonter le courant vers eux. Leurs queues sont animées d’un mouvement vif d’essuie-glace dont on ne sait s’il leur sert à secouer quelques gouttes importunes ou à manifester un bonheur de naviguant. Pourquoi ne voit-on que peu la tête du cygne ? Prolongement évident du cou, elle en paraît un appendice un rien hautain. Ni plus ni moins. Pourtant réside là sans doute une modalité particulière de saisie du milieu environnant, du fluide, du pont, des bordures et des accès aux quais, des congénères, des animaux humains susceptibles de jeter de la nourriture. Et surtout c’est là ce qui dirige la plongée dans l’épaisseur aquatique et fraîche, vers la vase, les vers… tout un monde glauque et courant. Des corps adaptés que nous voyons sans les voir, percevant simplement leurs présences gracieuses d’une blancheur altière sur le large fleuve comprimé par toutes les voies circulantes de cette zone névralgique de la métropole.

    Lundi, en revenant du même périple matinal à proximité immédiate du territoire des cygnes, j’ai rencontré un corbeau, dans un jardin public. Singulière rencontre. Juché sur une barrière de fer délimitant un massif, il m’observait approcher du coin de son œil torve. Je m’arrêtai très près sans qu’il daigne bouger. J’observai ses plumes raides et craquantes d’un noir lustré qui laissent voir un duvet blanchâtre par taches alors qu’il poursuit sa toilette de la pointe du bec. J’approche encore. Au lieu de fuir cette effraction de son périmètre, voilà qu’il soulève une aile et se dévisse la tête pour la placer en-dessous, position pour dormir ; ainsi ma présence ne l’importune plus ! Je me sens snobée. Je ne sais pas pourquoi j’ai interrompu ma promenade, je n’aime pas la brillante et cassante noirceur de ce volatile qui me fait à chaque fois irrésistiblement penser à l’ « aigle noir ». Je passe mon chemin, avec pourtant la sensation étrange d'avoir été exacte au rendez-vous, un camouflet, comme une mesure de rétorsion méritée qui, finalement, me met en joie.


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  • Pister, une activité qui nous a fait évoluer

    Observatoireduloup.fr

    Une hypothèse sur la transition vers l’émergence des qualités du cerveau humain.

       L’hominidé, d'abord majoritairement frugivore et établi dans la forêt tropicale, est devenu, à l'occasion de migrations, un omnivore à dominante carnivore parcourant la savane. Lui qui avait développé des capacités à voir efficaces pour la cueillette a donc dû se mettre à chasser. Il n'était pas adapté. Les meilleurs chasseurs à pied sont en effet les animaux qui ont développé un odorat puissant : les grands félins, les loups. On note une exception pour les rapaces chez qui la capacité à voler, à voir de haut leur territoire et donc à voir loin,  permet la recherche de nourriture. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils ont acquis une vue exceptionnelle.

       L’hominidé lui, cloué au sol, a dû se débrouiller pour chasser "à vue" sans avoir un point de vue surplombant ni une acuité visuelle exceptionnelle . Ses proies courent plus vite, donc sont rarement visibles. Il utilisait une façon de chasser, appelée "chasse à l'endurance", qui consiste à poursuivre et fatiguer la proie (et son poursuivant), des heures durant, parfois une journée entière. Le succès dépend de la capacité à suivre les traces avec un coefficient d’erreur dans les prévisions (et donc de perte de temps) le plus bas possible pour parvenir à la retrouver quand, finalement, après des heures de fuite, paralysée par l’hyperthermie, elle s'immobilise*, permettant à son poursuivant de la rattraper. L'humain a donc développé au cours de son évolution une attention fine aux traces laissées par les autres animaux (empreintes de pas, déjections...), et conjointement une représentation de ce qui ne se voit pas pour les « suivre » en imagination et en déduire leur destination (pistage dit spéculatif) éventuelle. Ensuite, il devait confronter ces supputations à la réalité par un processus - devenu classique - d'essai/erreur/révision de l’hypothèse de départ puis nouvel essai... Cela demande une connaissance des us et coutumes de l'animal, le développement d’un raisonnement, la confrontation éventuelle avec d’autres avis émis par des congénères participant à la chasse.


        Certains chercheurs pensent que cette pratique de traque, pratiquée de nos jours comme pistage par les nouveaux naturalistes (ils suivent un animal sans le chasser ni l'acculer), a pu servir à développer les facultés dites intellectives de notre cerveau : focalisation de l'attention, intérêt passionné pour une recherche, lecture des signes, fabulation à partir de ces signes sur un scenario probable, vérification, joie non de l’obtention mais du désir, de l’élan vers… (la dopamine, hormone du plaisir, est générée chez l'animal par la quête, non par l’assouvissement). Il pourrait y avoir là à la fois les prémices du romanesque et celles de la démarche scientifique. Cette technique aurait aussi pu servir à développer nos capacités sociales : discussions sans fin sur les interprétations des traces, confrontation d’arguments ou de scénarios, puis décision collective d’aller vers… Bref, les débuts de l’agora !

       Conjointement, nos ancestralités animales, celles de divers mammifères, prédateurs comme nous l’avons été, sont présentes dans notre corps-esprit comme des capacités à entrer dans la peau d’un autre animal que nous, à appréhender le biotope d’un autre comme par ses yeux, par tous ses sens qui lisent d’autres traits saillants dans son environnement que ceux que nous avons sélectionnés dans notre propre évolution. Certaines capacités demeurent dans notre héritage, non actualisées pour l’heure mais comme des possibles susceptibles d’être réactivés, notamment par le pistage tel qu’il est actuellement pratiqué.

    _______________

    * L'animal humain ne risque pas l'hyperthermie : il n'a pas de poils. Ce "bipède sans poil" a acquis un avantage significatif en les perdant au cours de son histoire évolutive. La sueur permet en effet une régulation efficace de la chaleur interne que la fourrure empêche. 


    Ce texte est une reprise rapide de quelques aspects des évocations détaillées par Baptiste Morizot dans son ouvrage intitulé Sur la piste animale, Actes Sud, coll. Mondes Sauvages, 2018. La bibliographie de ce livre comporte les références aux textes écrits par les chercheurs à l'origine de ces hypothèses, dont Morizot.


     


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  • Miroir
    Paris, près du café des Deux Magots.

    Un jeune chien passe le long d’une vitrine rendue miroir par un rideau de fer descendu derrière. Il est arrêté par une odeur agréable au sol, puis, en levant les yeux, aperçoit son image. Il tombe littéralement en arrêt devant, hypnotisé, vacillant un peu sur ses pattes. Il s’assied, comme testant ce qu’allait faire « l’autre », comme cherchant une explication à cette bizarrerie. A ce moment, j’ai vraiment l’impression qu’il fait une expérience, comme le ferait un enfant. Je suis saisie aussi, arrêtée dans ma progression. Le chien cherche alors à faire réagir différemment de lui l’autre, il aboie, puis pose sa patte sur la vitrine, toujours captivé.
    Sa maîtresse, qui souhaite avancer mais est intéressée, s’accroupit près de lui, pensant sans doute montrer par là à son toutou que c’est bien son image, puisque « l’autre » a aussi comme centre de sa vie de chien, la même personne que lui. Elle essaie de le sortir de sa contemplation, alors que le chien gigote de plus belle devant son double, qui l’encourage en faisant de même. Rien n’y fait, pas même les caresses, les tentatives de réconfort (le chien semble effectivement inquiet autant que joueur). Il faut qu’elle le prenne dans ses bras pour l’arracher au spectacle du même. Ce n’est que rendu de l’autre côté de la rue que le chien consentira à renifler l’herbe du jardin public et l’odeur de ses congénères au lieu d’essayer de résoudre l’énigme du miroir.

    Cette histoire est sans doute assez commune mais l’intensité extra-ordinaire de l’orientation de l’énergie du chien vers sa propre image m’a saisie comme si j’assistais à un avatar de l’histoire de Narcisse. Sont-ce des résidus d’animalité qui agissent pour nous egocentrer ? En tout cas, le chien, lui,  semblait à l’inverse rechercher un autre, un partenaire de jeu; ce qui invalide mon ressenti et en fait une projection 'classique'.

    Tentons une ultime hypothèse, qui risque de me faire passer pour une illuminée. Tant pis ! Et si les chiens, à force de vie commune avec nous sur de très longues durées, étaient en évolution vers ce que l’on a pu nommer la naissance de la conscience de soi ?
    Je propose la lecture de Demain, les chiens de Clifford D. Simak, non pas pour approfondir la question (quoique…) mais pour y rêver.


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    Les coucous, le mérion superbe, la pie et le merle, une sacrée histoire
    Un 'mérion superbe'

    La vie du coucou pourtant libéré des tâches « familiales » n’est pas idyllique.
    Les habitants légitimes se défendent de l’invasion des coucous par des stratégies voire des stratagèmes nombreux et ingénieux. Ils interviennent à chaque étape de la couvaison, jusqu’à l’envol et à l’autonomie du ou des « jeunes ». C’est une découverte récente, on pensait jusqu'alors que ces luttes étaient limitées à l'arrivée de l'indésirable. A ces défenses variées, les coucous « répondent » par d’autres.

    Les auteurs de l’article tentent l’image militaire, celle de la « guerre froide » pour évoquer ces dynamiques de réciprocité.
    Prenons un moment pour noter le côté assez genré du choix de la comparaison : on est dans un texte écrit par des hommes… Les coévolutions des espèces concernées pourraient être dénommées « dialogue inter-espèces » (Baptiste Morizot aimerait sans doute mieux), si l’action du jeune coucou n’était si choquante pour nous qui imaginons illico un tel traitement infligé à notre progéniture par une espèce alien. Les scientifiques choisissent au fil de l’article un terme plus neutre, « système parasite-hôte ». Sans doute est-ce le terme employé dans le monde des biologistes et éthologues. L’expression « guerre froide » est peut-être employée pour donner une assise symbolique et favoriser la transmission de connaissance. Nous sommes dans la vulgarisation, de haut niveau certes, mais vulgarisation tout de même (et heureusement, sinon nous n’y comprendrions goutte !).

    Il s’agit par exemple pour les espèces parasitées de construire des nids de plus en plus difficiles à localiser ou bien de trouver un moyen de reconnaître leurs propres œufs en variant notamment leur couleur, les dessins de la coquille… et cela dans un temps court, parfois pour la même femelle, ce qui est assez surprenant quand on pense à la conception lente de l’évolution que nous avons eue pendant très longtemps. L’œuf du coucou se trouve alors visible et sera rejeté. La stratégie du coucou essuie un échec. En gros, il est en retard d’une étape évolutive, ringardisé.
    Cependant, le rejet des œufs étrangers n’est pas le scenario adopté à tous les coups par l’hôte : il comporte le risque de rejeter le « bon » œuf, ou de tellement s’agiter qu’il endommage ses propres œufs. Le merle femelle accepte ainsi assez fréquemment des œufs plus lourds bien que les reconnaissant comme étrangers. De plus, certains coucous adoptent un « comportement mafieux » (sic) en détruisant systématiquement les nids des pies qui refusent leurs œufs, ce qui encourage les pies, perdu pour perdu, à accepter les œufs de l'envahisseuse lors des couvées suivantes.

    Les hôtes peuvent aussi agir par rapport à l’oisillon parasite même s’il est déjà seul dans le nid, autrement dit s’il a déjà « gagné » le combat et que l’on se situe alors à une étape plus avancée du processus de parasitisme. Une femelle de mérion superbe, passereau australien, a été étudiée en 2003. Elle avait carrément abandonné et laissé mourir de faim le coucou didric éclos dans son nid. Acte en apparence totalement gratuit puisque ses oisillons étaient déjà éliminés. Une ‘leçon’ au coucou pour la suite de l’évolution ? Certaines femelles hôtes, elles, dans les mêmes conditions, expulsent l’envahisseur en le blessant et le saisissant avec leur bec…
    Les coucous développent alors à l’extrême leur mimétisme de forme ou de chant au stade oisillon (voir les photos) pour ne pas être reconnus par leur future mère d'adoption, ou bien ils se spécialisent dans le lien avec une seule espèce-hôte, qui peut alors leur accorder l’hospitalité alors qu’elle la refuse à une espèce parasite rivale, construisant ainsi une sorte de partenariat stable pour un temps.

    Il arrive - rarement - que des oisillons de l’espèce-hôte et l’oisillon-parasite soient élevés ensemble. Dans ce cas, ce n’est que dans un stade encore ultérieur, après le premier envol mais avant l’autonomie, que les hôtes peuvent cesser de le nourrir. L’oisillon adolescent ne meurt généralement pas à ce stade car il arrive à se faire adopter par un hôte voisin qui, lui, n’a élevé que des coucous !

    Que de finesse dans la coévolution ! Quelle extraordinaire capacité à survivre et à changer ! En gros, peu importe la forme, pourvu que la survie de l’espèce soit assurée de chaque côté et chacun s’occupe au mieux de sa propre espèce…

    Mais non, parfois on s’occupe un peu du voisin :  les acceptations d’œufs étrangers peuvent être plus fréquentes lors de périodes où l’espèce parasite est en voie de disparition sur une zone donnée ! Le taux de rejet est passé de 65% à zéro en à peine dix ans dans l’expérience concernant l’agrobate roux et son coucou invité dans le sud de l’Espagne ; l’espèce coucou était en difficulté à ce moment-là. Un exemple de coopération, un coup de pouce inter-espèces. C’est inédit dans cette lutte, ou tout au moins dans le récit humain que nous nous en faisons pour l’instant, fruit de décennies d’études.

     Si le coucou avait su ce qui l'attendait dans cette épopée aurait-il tenté le coup ?

    D'après l'article de la revue Pour la science de janvier 2021, numéro 519. Auteurs : Francisco Ruiz-Raya et Manuel Soler.

     


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  • Voilà l'odyssée de l'oisillon coucou en 4 étapes,
    de l'arrivée : oeuf très semblable aux autres bien qu'un peu plus gros
    à l'installation définitive du seul oisillon coucou.
    NB Le coucou a la tête en bas en étape 3. Il pousse l'oeuf avec son moignon de queue.

    Photos du coucou



    Oisillon coucou, à gauche, en compagnie du 
    locataire natif du nid. Il réclame la becquée.
    L'art de la copie.

    Photos du coucou

    Pour la science n°519, janvier 2021.
    Francisco Ruiz-Raya et Manuel Soler.


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  • La manière d'être vivant du coucou

     

    Baptiste Morizot, dans son ouvrage absolument passionnant intitulé Manières d’être vivant affirme, avec des éthologues et des biologistes, que chaque espèce, chaque individu de chaque espèce, concrétise une perfection qui est la sienne dans son monde. Cette perfection est feuilletée de ce qu’il nomme des ancestralités : tous les traits anatomiques, physiologiques et comportementaux sélectionnés au fil des millénaires d’évolution pour arriver à cet individu qui, selon les circonstances et les changements du milieu pourra réactiver certains niveaux de ce feuilletage en dormance, et à l’inverse, mettre en sommeil certains autres inutiles ou contre-productifs ou… simplement indésirables pour telle ou telle raison. Une sorte de marge de manœuvre, ou volant de possibles assurant un comportement avec de l’invention. Cet individu est aussi l’ancêtre potentiel d’une lignée dont nul ne peut savoir quelles perfections, mystères, beautés elle manifestera dans les millénaires d’adaptation à venir.
    Cet animal, comme l'animal humain, existe en lien d’échange avec les autres individus de son espèce et aussi tous les autres vivants, d’une part grâce à l’évolution : tous les animaux proviennent d’un ancêtres commun qui a peu ou prou la tête d’une éponge et d’autre part grâce aux rencontres, communications et rivalités ayant lieu dans le monde commun.

    Après le méta-billet qui causait du « coucou » de salutation et de son collègue oiseau, billet qui a fait couler d’agréables bits sous les yeux enchantés de la toute jeune blogueuse que je suis, je tombe sur un dossier du mensuel Pour la science de janvier, sur… le coucou (comme on dit, ça ne s’invente pas !).
    Le coucou − cuculus canorus : coucou gris, ou chrysococcyx lucidus : coucou éclatant ou clamator glandarius : coucou-geai et bien d’autres coucous, de la famille des cuculidés ;-) − fait partie des parasites de couvée : sa manière d’élever ses oisillons est de les confier à une mère adoptive d’une autre espèce d’oiseaux.
    Le coucou est un cas d’école très longuement débattu dans l’histoire naturelle. Darwin pensait que les parasites de couvée (moins de 1% des espèces d’oiseaux, soit une centaine d’espèces − quand même) économisaient ainsi de l’énergie pour mieux trouver de la nourriture ou procréer.
    Il faut bien se représenter le scenario : une femelle coucou repère un nid, elle l’investit par opportunisme (la femelle est absente), par force ou par ruse (diversion faite avec le mâle coucou) et elle pond le plus vite possible un oeuf, le plus ressemblant possible aux œufs de l’espèce-hôte (sélection évolutive). Si tout se passe bien pour eux, l’œuf est couvé et l’oisillon éclôt. Il se dépêche  alors de virer les autres œufs car il est plus gros et il a besoin de toute l’attention nourrissante de la femelle-hôte : il escalade donc les parois du nid en portant sur son dos les œufs indésirables ou même les oisillons-hôtes s’ils sont nés, et les fait passer par dessus le rebord. Il répète cela autant de fois qu’il y a d’œufs ou d’oisillons ! Je « veux » vivre, vous devez mourir. A l’issue de cette tuerie, la mère-hôte élèvera le petit coucou comme si c’était sa progéniture.

    Bien entendu, il y a des variantes dans ce scenario coucou-idyllique. Je vous les promets pour un autre billet, ainsi que des images. Néanmoins, la perfection du coucou dans son monde est une perfection assez guerrière, si vous voulez mon avis d’animal humain au feuilletage évolutif culturel très moralisant…

    D'après l'article de la revue Pour la science de janvier 2021, numéro 519. Auteurs : Francisco Ruiz-Raya et Manuel Soler.

     


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