• Mémoire



    Mémoire
    Maurice Merleau-Ponty


    Pourquoi appelle-t-on "mémoire" cet exercice, très scolaire souvent, qui aboutit à un texte plus ou moins indigeste sur un sujet rebattu ?

    Est-ce qu'au départ il fallait y faire oeuvre de remémoration ? Était-ce une sorte de compte-rendu d'une portion d'existence et d'histoire intellectuelle ? Je renonce tranquillement à chercher les sources, me contentant de mes spéculations personnelles sur le sens de cette activité somme toute aussi singulière que proche du dérisoire.

    Retracer un parcours mental inscrit dans le temps, voilà une noble raison d'être pour un texte. C'est la tournure que j'ai voulu donner à mon travail de fin d'études de yoga. Articuler concepts et vie, un travail de philosophe. LE travail du philosophe. Souvent si peu et si mal réalisé pourtant.
    Les phénoménologues s'y sont senti une vocation : rester au plus près du monde. Ils se sont emberlificotés dans leurs tentatives, rendant leur propos souvent pertinent largement incompréhensible au commun des mortels, à part de très rares exceptions qui tournent alors joyeusement au littéraire.

    Explorer la mémoire pour y trouver raisons, expose aussi toutefois à errer dans ses intimes dédales où point de départ et lieu d'arrivée ne sont pas si distincts qu'on le voudrait. On revient sur ses névroses, on réinvestit ses peurs, que l'on transforme (travestit ?) - parfois même efficacement - en idées.
    Poser des signes sur une surface peut aider à approcher ses failles autant qu'à les tenir en respect, certes. A trouver un point de vue, à éloigner l'affect, à libérer le souvenir de son cuisant lien avec le présent.

    Ce que tentent aussi de récentes techniques comme l'hypnose ou l'EMDR*. Désactiver le souvenir, le rendre anodin, pure image invocable, sans pesanteur ni pouvoir autonome de résurrection invasive. Et cela sans passer par le détour du récit infini et trop souvent maîtrisé que l'on délivre sur le divan. Un raccourci, en somme. Dans le cas de l'EMDR, on provoque des allers-retours des globes oculaires, d'un côté à l'autre, comme si on lisait, comme si on écrivait ! Encore faut-il être dans un rythme et faut-il que l'oeil intérieur soit actif, que toute l'énergie mentale ne soit pas papillonnante et dirigée vers l'extérieur. On peut alors retrouver le souvenir tout en l'éloignant. Embrasser l'extériorité pour en jouir ne dispense pas de l'introspection. L'intentionnalité doit être bi-directionnelle et l'action doublée. En cela, l'écriture d'un "mémoire" peut être efficace.

     

    * Eye movement desensitization and reprocessing.


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